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Mélancolique, comment ne le serait-il point, de par sa situation, ses malheurs et son temps ? Il vit à l’époque où la Germanie s’enveloppe des brouillards légendaires, où les poètes se tournent vers les ruines grandioses du Moyen Âge et font se lever, dans l’écume frangée des flots, les sirènes harmonieuses du Rhin. Il est d’un temps dont la désespérance répond à la sienne, qui porte le poids des grandeurs passées et vit parmi les débris écroulés des splendeurs anciennes. Ce qu’il trouve aux feuillets des livres souvent lus, c’est l’écho de l’amertume tombée goutte à goutte et cristallisée dans son âme. « Il y a dans ce poète, dit-il au docteur Malfatti en lui parlant de Lord Byron, il y a dans ce poète un profond mystère, quelque chose de ténébreux qui répond aux dispositions de mon âme ; ma pensée se plaît à s’identifier avec la sienne[1]. » De même chez les poètes, c’est son ombre captive qui passe dans leurs visions plaintives et désolées, et n’est-ce point le cri même de la désespérance du siècle et des peuples qui lui arrive, quand, devant son médecin, il laisse monter, de la page vers lui, le sanglot lamartinien :

  1. M. de Montbel, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., p. 225.