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au contraire, n’a point étouffé chez lui le désir dans son germe. Elle n’a pu avoir qu’un résultat fâcheux : celui d’avoir fait le rêve trop grand et trop beau pour la proche réalité. Nous verrons que certain passage de Prokesch n’y contredit point.

Jusqu’en 1830, pour lui, nulle tentation. Les tendresses, brusquement sevrées, de son enfance, dorment en lui latentes, mais mutilées. Pour sourdre, pour reconquérir la lumière, il ne faut qu’une occasion. En janvier 1831, elle éclate. On l’a autorisé à faire son entrée dans le monde, et, où le mène-t-on ? Chez lord Cowley, ambassadeur de S. M. britannique. Neuf ans à peine ont passé sur la tragédie de Sainte-Hélène.

De ce monde inconnu, soudain révélé à lui, quelle impression emporte le duc de Reichstadt ?

Voici l’enfant sorti des mornes splendeurs, éteintes et étouffées, des palais impériaux ; des salons de laque noire et or, il passe à l’éclat des salons illuminés et fleuris de l’ambassade, peuplés de formes aériennes et légères, vagues de soie et de mousselines, nuages de parfums à la dérive, roses et blanches nudités. On le pousse dans un monde