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homme qui a longtemps triomphé. La croix de la Légion d’honneur brillait sur sa poitrine et trois chevrons blasonnaient son bras.|90}}
— Sire, me dit-il d’une voix ferme, que dirai-je de votre part à ceux qui vous attendent ?
L’idée que je pourrais commander de tels hommes, la réalisation de tous mes rêves, la dette de la gloire que m’a léguée mon père, et pour tout dire, l’horreur indicible que j’ai au cœur de mourir en prison, toutes ces idées, tous ces sentiments confus traversèrent à la fois mon esprit... Mes yeux s’obscurcirent et je tombai sans connaissance[1].
Quand je revins à moi, j’étais dans mon lit ; je démêlai dans le regard de ceux qui me soignaient un redoublement d’inquiétude. Enfin, j’entendis votre voix dans une chambre voisine. J’allais demander qu’on vous fit entrer ; mais j’étais si faible que je retombai en défaillance.
Aucun de ceux qui m’entourent ne m’a parlé de la scène du parc... Était-ce un songe, un pressentiment que je vais bientôt rejoindre mon père ? Ma tête se perd... Par pitié, laissez-moi mon illusion ; ne me dites pas que j’étais en délire quand j’entendis le vieux soldat m’appeler sire !
{{taille|Je me retrouve dans un état indéfinissable, à une faiblesse extrême succède tout à coup une exaltation fébrile qui ressemble à un délire suivi. Ceux qui m’entourent semblent n’avoir soin que de mon corps ; ils ne savent pas ou ils feignent d’ignorer que le mal de l’âme a réagi sur l’enveloppe, et que chacune de mes douleurs

  1. Est-il utile de souligner ici la manière à la fois simple et experte dont use J.-M. Chopin pour s’éviter de faire répondre le duc de Reichstadt ?