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En revenant de Vienne, il y a quelques années, j’avais écrit sur les cryptes de la « Capuzinerkirche » où repose, exilé parmi les Habsbourg, le Napoléon qui était né Roi de Rome et qui mourut duc de Reichstadt en Autriche. Je reçus cette lettre qui me paraît répondre à votre question :|90}}

« ... Je voulus saluer dans son dernier sommeil le fils de Napoléon. Jamais je n’oublierai l’angoisse qui me prit en voyant son petit tombeau sur lequel étaient posées trois couronnes de violettes artificielles. Le pauvre enfant me parut si loin de son père, si abandonné, que les larmes m’en vinrent aux yeux.
« Le capucin qui me guidait ne parlait pas français. Comment lui faire comprendre que je désirais emporter quelques-unes de ces fleurs ? Je pris dans ma main une des couronnes et je lui dis :
« — Pour l’Empereur !
« À l’instant, par un geste que je verrai toute ma vie, le capucin arrache une poignée de fleurs et mes les donne avec un bon sourire. À mon retour à Paris, je plaçai ces fleurs au milieu d’un bouquet de violettes fraîches et j’allai aux Invalides.
« Je racontai au gardien ce que j’avais fait. Il m’ouvrit la petite grille de la crypte et j’eus la pieuse joie de déposer sur le tombeau du père les fleurs rapportées du tombeau du fils. »

C’est un peu sentimental, mais j’avoue que je me reprochai de n’avoir pas eu cette idée-là. Elle valait beaucoup mieux que mon article.

Henry Houssaye.