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dernières années on y conserva l’épée d’Austerlitz, dans une cage de verre et de cuivre, à l’ombre des aigles de bronze colossales qui flanquèrent, sur la Belle-Poule, le cercueil au retour de Sainte-Hélène. Maintenant cette crypte obscure est vide, abandonnée semble-t-il à jamais, ne gardant dans son ombre humide, prisonnière et monumentale, que la statue, en costume de sacre, de l’Empereur armé du sceptre et du globe. Dans ce vide et dans ce silence, il est un appel vers le cadavre prisonnier de l’Autriche. Pourquoi ne viendrait-il point dormir, ici, le pacifique et éternel sommeil, et achever la légende héroïque et sentimentale, à l’ombre des palmes de marbre des douze cariatides triomphales et funèbres de Pradier ?

Un jour, on y songea. C’était aux temps de la présidence de Louis-Napoléon. Le neveu de l’Empereur rêva de ramener son cousin dans cette crypte solitaire. Des pourparlers avec l’Autriche furent engagés et on ne douta guère de leur issue favorable, car des placards populaires parurent, avec toutes les indications de la marche du cortège du transfert. « Les dépouilles mortelles du Roi de Rome, dit l’un d’eux, vont quitter Vienne au milieu d’un cortège d’hommes illustres envoyés pour recevoir ce dépôt précieux, veiller sur lui et le conduire au séjour des braves