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mais le touchent-elles au point de lui faire percevoir que l’affection de ces jours du malheur et du désastre s’enveloppe, pour lui, d’une pitié toute féminine ? Et cela même, combien peu de jours en a-t-il à goûter la délicate amertume que l’âge lui refuse ! Il suffit de rappeler ici des faits connus, de dire comment Mme de Montesquiou, fidèle à ses serments et à sa charge, accompagna l’enfant, confié à la vigilance de son honneur, à Vienne. Résolue à garder le petit roi désormais sans trône, en otage, l’Autriche le sépara violemment de sa gouvernante et de son entourage français, sous le prétexte du complot d’un enlèvement. Le danger n’était point là, dans le fait. Il était dans la fidélité et le sentiment national de la gouvernante. Sans le lui dire, on le lui fit bien voir. « Cette pauvre dame a été traitée avec bien de la rigueur, écrivait le baron de Méneval à Caulaincourt ; elle est reléguée dans un petit appartement de deux pièces dans une maison particulière de Vienne[1]. » Quand le danger fut passé et que Napoléon fut déporté vers les tropiques, on relâcha la gouvernante. La serre de la noire aigle bicéphale s’était refermée sur l’orphelin.

  1. Archives du Ministère des Affaires étrangères, France, vol. 1801. — Henri Welschinger, Le Roi de Rome (1811-1832) ; Paris, 1897, in-8°, p. 126.