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les traits grossiers et naïfs de l’enfant impérial. Les cartons de police s’emplissaient de dénonciations, de procès-verbaux de saisie, une image suscitant à elle seule une correspondance se chiffrant quelquefois par cinq lettres, et plus ! La hiérarchie policière et judiciaire s’employait avec une activité fébrile à ces poursuites, distribuant amendes et mois de prison, ordonnant confiscations et arrestations avec un zèle sans égal. De cette ardeur, une mince et obscure affaire nous va donner un exemple. Elle peut servir de type à toutes celles de ce genre. En 1820, on saisit, dans le département du Haut-Rhin, quelques gravures sur un misérable colporteur. Aussitôt l’enquête s’engage et les lettres confidentielles s’échangent. Le dossier que voici nous fait suivre la marche des poursuites :


GENDARMERIE ROYALE

  22e LÉGION.

Nancy, le 10 mai 1820.

Le colonel commandant la 22e Légion,
à Son Excellence le Ministre de l’Intérieur.

  Monseigneur,

{{taille|J’ai l’honneur d’informer Votre Excellence que M. le capitaine commandant la Gendarmerie du Haut-Rhin rend compte dans son rapport du 3 au 5 de ce mois, que M. le Procureur du Roi de l’arrondissement de Belfort fait saisir sur le nommé Pelizaro, marchand d’estampes à Colmar, plusieurs gravures du petit Napoléon, dont deux enluminées, dix en noir, portant une étoile à l’extrémité supérieure et un aigle à celle inférieure avec cette inscription : Dessiné à Vienne d’après nature, et six autres plus petites avec cette inscription : Je prie Dieu pour mon père et pour ma France<