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exemples typiques ont été fournis par lui de la sottise de la police et de la mesquinerie effarée du gouvernement. Ainsi, en 1822, l’Indépendant, dans son compte rendu du Salon de peinture, avait élogieusement parlé du portrait d’un enfant tenant en main un bouquet de fleurs bleues. Cet article attira l’attention. La foule s’amassa devant le tableau. Les uns prirent les fleurs pour des Vergissmein nicht, les autres s’écrièrent : « C’est le Roi de Rome ! » La police fit évacuer le Salon, enlever le portrait, supprimer l’Indépendant, qui reparut peu de temps après sous le nom de Constitutionnel. Cependant là, les fleurs pouvaient encore servir d’excuse au zèle de la police. Les violettes du printemps étaient devenues séditieuses. Mais que dire du préfet des Basses-Alpes, par exemple, le sieur Ferrand, qui dénonçait au ministre de l’Intérieur des portraits de l’Enfant Jésus comme offrant de la ressemblance avec les traits du « fils de Bonaparte » ? Ce à quoi le ministre répondait : « Le préfet se trompe évidemment il n’y a rien qui rappelle le fils de Buonaparte, car le fils de Buonaparte a maintenant 12 ans, et c’est le monographe[sic] de Marie et non 2 N[1]. » Pour modérer cette chaleur des mouchards, il fallut établir un code relatif à ces images séditieuses, indiquer où commençait leur danger, jusqu’où il importait de les tolérer. La définition donnée est heureuse :


{{taille|Napoléon appartient à l’histoire, et son fils à l’Autriche. Qu’on vende le portrait de ce dernier, il n’y a rien de prohibé là-dedans, du moment qu’on lui laisse ses noms et titres actuels, les seuls légitimes. Mais qu’on vende son portrait qui le représente à cheval en uniforme de hussard et qu’on ajoute au bas de la gravure un {{sc|

  1. Mélanges curieux et anecdotiques tirés d’une collection de lettres autographes et de documents historiques ayant appartenu à M. Fossé-Darcosse, conseiller référendaire à la Cour des comptes, publiés avec les notes du collecteur, et précédés d’une notice, par M. Charles Asselineau ; Paris, 1861, in-8°, pièce n° 912, p. 376.