Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

t-il, à 1.100 exemplaires, les commissaires de police délégués ne purent mettre la main que sur une vingtaine de brochures. Le reste de l’édition avait-il été vendu ou caché ? Les débats ne purent faire la lumière sur ce point. La chambre des mises en accusation renvoya Barthélemy devant le tribunal correctionnel, où, flanqué de son imprimeur David et des libraires Denain et Levavasseur, il comparut le 29 juillet. Trois avocats étaient assis au banc de la défense : Me Mérilhou, pour Barthélemy ; Me Jules Persin, pour David ; Me Vulpian, pour Denain et Levavasseur. Le public accouru était des plus brillants. Victor Hugo y coudoyait le général Gourgaud. Ce que le Procureur du Roi reprochait au poème, nous l’avons dit déjà. Il se borna à relire Le Fils de l’Homme et à signaler, en quelques-unes de ces mémorables phrases filandreuses, ce que le livre pouvait contenir de favorable à « l’usurpateur », à l’ennemi des « rois légitimes », c’est-à-dire à Napoléon. Barthélemy lui répliqua. « Le sieur Barthélemy, écrit dans son compte rendu la Gazette de France du 31 juillet, a récité des vers qui déjà sont imprimés, car il en tenait une épreuve à la main. Son débit est lourd, son ton est lugubre et sa prononciation a désagréablement l’accent méridional. » La défense du poète était rimée en effet. Elle fut piteuse, de fond comme de forme. Barthélemy y reniait tout sentiment d’espoir napoléonien, ergotait sur ses ironies et rendait hommage aux Bourbons :


... Le dernier Louis, sauveur inattendu,
À travers la tempête à nos vœux fut rendu.


Ainsi, après avoir souhaité pour le Fils un retour à la manière de celui de l’île d’Elbe, il finissait par déclarer qu’il avait espéré néanmoins le retour des Bourbons. Par cette palinodie il préludait à toutes celles qui devaient déshonorer par la suite sa carrière. Après avoir eu le courage de glorifier les souvenirs d’Empire, il se dérobait devant la menace de l’amende et de la prison. C’est une peur moyenne et humaine. Regrettons simplement de voir les historiens de la légende napoléonienne oublier qu’elle mena Barthélemy à ce fâcheux reniement. Elle ne lui servit de rien, au surplus. Tandis que Denain et Levavasseur étaient acquittés, David frappé de 25 frs d’amende, Barthélemy