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Oh ! que tu dois souvent te dire et repasser
Dans quel large avenir tu devais te lancer !
Combien dans ton berceau fut court ton premier rêve !
Doublement protégé par le droit et le glaive,
De peuples rassurés espoir consolateur,
Petit-fils d’un César et fils d’un Empereur,
Légataire du monde, en naissant Roi de Rome,
Tu n’es plus aujourd’hui rien que le Fils de l’Homme !
Pourtant, quel fils de roi contre ce nom obscur
N’échangerait son titre et son sceptre futur<ref> C’est dans ce passage que M. Menjaud de Dammartin relevait le délit d’attaque contre les droits que le Roi tient de sa naissance. Après avoir lu ces vers au cours de son réquisitoire, il concluait en ces termes : « Ainsi, pour résumer tout ce qui, dans le langage de l’auteur, se rattache à la première partie de la prévention, garder encore aujourd’hui, comme il le dit hautement, non pas seulement le souvenir pieux de celui qu’il affecte d’appeler l’ancienne idole de la France, l’héritier de l’Empire, mais professer religieusement ses vieilles erreurs... sa vieille idolâtrie... (vieille idolâtrie du reste tout au plus de parade, et qui chez le poète de 34 ans n’a jamais pu guère être autre chose qu’un éphémère engouement de collège), et s’empresser bientôt d’encenser publiquement l’image de l’usurpateur ; prendre, par une dérision amère, le Roi légitime lui-même à témoin de cet hommage audacieux rendu au rejeton du plus grand ennemi de sa dynastie ; présenter ce Roi légitime comme réduit à cette condition d’humiliante abnégation, de renoncement misérable, qu’il tolérât, qu’il encourageât en quelque sorte, le tribut offert sous ses yeux au fils de l’usurpateur déchu ; garantir au duc de Reichstadt une fidélité qui doit survivre au malheur, déplorer douloureusement la chute désastreuse et sitôt amenée de la race qui avait violemment envahi le trône ; l’exposer aux regards, cette race, comme protégée, non seulement par la force du glaive, mais par le bon droit... ; puis, par un contraste qu’on cherche à rendre insultant et dérisoire, opposer au développement majestueux de cette puissance imposante, le règne dont on ne s’était pas douté, le règne incognito, le règne inaperçu de l’héritier des lis,