Aujourd’hui, le plus beau des princes de sa cour,
De la ville étrangère il a conquis l’amour.
Oh ! si d’autres destins eussent régi le monde !
S’il sortait du cercueil qui dort au sein de l’onde !
S’il vivait ! S’il pouvait, encore à son midi,
Contempler sous ses yeux son jeune fils grandi !
Quels baisers sortiraient de ses lèvres de flamme,
Quel océan de joie abreuverait son âme !
Lui qui, sur un roc nu, de douleurs consumé,
Réchauffait de ses pleurs un buste inanimé !
Il verrait dans ce Fils, qu’il laissa si débile,
Ressortir de son sang le type indélébile :
On dit que, jeune encor, pensif et soucieux,
De ses hochets d’enfant il détournait les yeux ;
Que d’un sauvage instinct sa grande âme frappée,
Tressaillait comme Achille à l’aspect d’une épée ;
Aujourd’hui, que du temps les rapides efforts
Ont allié la grâce aux forces de son corps,
Comme le jeune aiglon qui sent croître sa serre,
Avide des plaisirs, images de la guerre,
À traverser un fleuve, à traverser un ravin,
Il pousse hardiment son coursier transylvain.
Heureux quand, affranchi de ses tristes études,
Exerçant à son gré ces nobles habitudes,
Dans une plaine immense il prend un libre essor ;
Mais l’ombrageux pouvoir d’un austère mentor
Redoute, dans ce cœur plein de vie et de sève,
Ces arts ambitieux par qui l’homme s’élève :
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