Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/320

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il rendit à ses traits leur habitude austère,
Et s’assit. Cependant mes regards curieux
Devinaient à loisir l’être mystérieux :
Voyez cet œil rapide où brille la pensée,
Ce teint blanc de Louise et sa taille élancée,
Ces vifs tressaillemens, ces mouvemens nerveux,
Ce front saillant et large, orné de blonds cheveux ;
Oui, ce corps, cette tête où la tristesse est peinte,
Du sang qui les forma portent la double empreinte.
Je ne sais toutefois ; je ne puis sans douleur
Contempler ce visage éclatant de pâleur ;
On dirait que la vie à la mort s’y mélange :
Voyez-vous comme moi cette couleur étrange ?
Quel germe destructeur, sous l’écorce agissant,
A sitôt défloré ce fruit adolescent ?
Assailli malgré moi d’un effroi salutaire,
Je n’ose pour moi-même éclaircir ce mystère ;
Le noir conseil des cours, aux peuples défendu,
Est un profond abîme où nul n’est descendu ;
Invisible dépôt, il est dans chaque empire
Une énigme, un secret qui jamais ne transpire :
C’est ce secret d’État que, sur le crucifix,
Les rois en expirant révèlent à leurs fils.
Faut-il vous répéter un effroyable doute ?
Écoutez ; ou plutôt que personne n’écoute :
S’il est vrai qu’à la cour, malheureux nourrisson !
La moderne Locuste ait transmis sa leçon,
Cette horrible pâleur, sinistre caractère,
Annonce de ton sang le mal héréditaire,