Les héros de Schiller s’agitaient sur la scène ;
À l’ovale contour des gradins spacieux,
Sur une triple ligne étincelaient des yeux ;
Dans le fond de l’arène, à peine contenues,
Comme un pavé mouvant sortaient des têtes nues ;
Au centre, des deux côtés, de l’un à l’autre bout ;
Partout était le peuple et le calme partout.
Bientôt dans une loge où nul flambeau ne brille,
Arrivent gravement César et sa famille,
De princes, d’archiducs, inépuisable cour,
Comme l’aire d’un aigle ou le nid d’un vautour.
théâtres des boulevards. On vante beaucoup le mérite des acteurs ; il n’appartient pas à un étranger de se prononcer là-dessus ; il m’a semblé qu’ils avaient plus de vérité et moins d’emphase que les comédiens anglais. Ce qui est vraiment étonnant, c’est le peu de clarté répandue dans la salle pendant la représentation. Figurez-vous une enceinte elliptique, à peu près grande comme celle des Français, éclairée, non par un lustre, mais par un quinquet à six ou huit branches, qu’on trouverait mesquin dans un estaminet de Paris : c’est au milieu de cette lueur douteuse que les spectateurs cherchent vainement à se reconnaître ; aussi n’a-t-on pas pris la peine d’établir l’usage des loges grillées, ce que j’attribue moins à la sévérité des mœurs qu’à la parcimonie du luminaire. Outre cet étrange effet de lumière fantasmagorique, on ne peut s’empêcher d’être frappé du silence de tout ce peuple. Les héros de Schiller ou de Gœthe ont beau s’agiter sur la scène, aucun cri, aucun murmure, aucun trépignement ne trahit les émotions de joie et de plaisir : l’arrivée même ou la sortie de la famille impériale n’excite pas le moindre tumulte ; on dirait une réunion d’ombres heureuses et paisibles, assistant aux Champs-Élysées à une représentation scénique. » Note de Barthélemy.