Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

La bonne foi gouvernementale est sauve et les chirurgiens lui en décernent le certificat. Qu’il dorme donc en paix, ce cadavre au cœur arraché, le fils de l’Empereur, parmi tous les archiducs et les empereurs de la Maison vaincue par son Père. Que son exil se prolonge pour l’éternité, dans cette cave pleine de cercueils de cuivre et de tombeaux de marbre de la Kaisersgruft ! De la victoire ancienne, le fils du vainqueur atteste parmi tous ces cadavres ! Proie que l’Autriche s’imagine retenir en trophée mortuaire, c’est la preuve même de sa défaite qu’elle garde dans son impérial charnier.

Elle aussi, l’archiduchesse amoureuse, est venue dormir là, entre le fils fusillé et l’orphelin de sa jeunesse. Dans la mort elle achève la mélancolique légende de tendresse. Et si l’Empereur d’aujourd’hui songe quelquefois à ce qui s’est conté, à ce qui se conte encore de sa naissance, de quels spectres ne doivent pas être hantées ses nuits d’insomnies ! Dernier survivant de cette race féodale qui écrasa l’Aiglon et le vola à ses Destins, il a pu, impuissant et terrifié, assister au châtiment quasi surnaturel de la Maison dont il porte la couronne. De mort violente, par le feu et par le couteau, elle a été frappée dans ses plus chères espérances. L’Empereur fusillé, le roi noyé, l’impératrice poignardée, l’archiduc héritier