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sans plus[1]. Mais, pour taire le reste, Prokesch n’a-t-il pas toutes les raisons du monde ?

Le problème psychologique demeure donc dans son entier. Au surplus il est simple et s’explique humainement. Une jeune fille de dix-neuf ans est cloîtrée dans un palais lugubre près d’un jeune mari indifférent, victime de l’éducation autrichienne. Trompée dans toutes ses illusions, blessée dans les plus radieuses espérances de sa jeunesse, elle est là en exil, prisonnière, captive comme l’est le fils de l’Empereur. À l’époque où elle le rencontre, il a treize ans, c’est un enfant et un orphelin. Instinctivement sa pitié féminine va au jeune Napoléon ; tout ce qu’elle a en elle de tendresse inemployée, inactive, – elle n’a point d’enfant encore, – va à cette jeune tête d’où est chue la couronne du grand Empire. La jeune femme et le jeune homme vont vivre côte à côte pendant des mois, puis des années. Il grandit. N’est-ce pas sur la pente de l’Amitié que glisse l’Amour ? Fait banal, coutumier, ordinaire. A-t-il fait une exception ici ? Ces deux vies désenchantées ne se sont-elles point consolées par la seule chose qui put échapper à la surveillance inquisitoriale montant la garde autour d’eux ?

  1. Édouard Wertheimer, Documents inédits sur la maladie et la mort du duc de Reichstadt... ; déjà cit., p. 84.