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Soudain, le duc est tiré de sa rêverie : il a entendu un faible gémissement derrière lui, comme une douce voix partie de la grotte : il se retourne, regarde... une femme est là : elle semble sommeiller ; mais c’est pour mieux étudier ses poses voluptueuses : on dirait qu’un rêve affreux la poursuit ; mais elle feint l’effroi pour prendre plus librement une attitude lascive. Napoléon n’est plus dans la grotte de Robinson ; ce n’est pas non plus celle de Calypso... Il a honte de se trouver dans l’antre du vice, en face de la jolie baronne de ***, cette fameuse courtisane. Elle semble sortir d’un profond sommeil ; elle se dresse comme terrifiée... Avec quelle pudeur ne pourrait-elle pas réparer un désordre mal simulé !
Qu’elle n’espère pas avoir fasciné par son regard le fils du héros... Le piège est trop grossier : le vice enlaidirait la beauté la plus remarquable. Cette femme soudoyée par la haine et la vengeance a déjà compris sa défaite... Elle oublie sa mission de corruption : elle tremble à l’aspect de cette figure noble et sévère. « Pardon, prince », s’écrie-t-elle en se jetant à ses pieds...
{{taille|Le fils de Napoléon ne semble même pas l’écouter. La dégradation se lit-elle sur le front d’une femme ? Le prince la regarde avec étonnement, puis il détourne les yeux avec une sorte de dégoût... La baronne n’est pas habituée à un pareil accueil : elle reste aussitôt muette. — « Oh ! mon Dieu ! pense-t-elle !... Non... jamais... » Puis reprenant : « Monseigneur, je n’obtiens que vos mépris, je le vois... mais je ne vous en donnerai pas moins une preuve de dévouement, tant il est vrai que vous inspirez un véritable attachement à toutes les personnes qui approchent de vous. Prince, je veux vous sauver ; un grand danger vous menace... » Le duc regarde avec une sorte d’incrédulité. « Oui, Monseigneur, apprenez les projets de vengeance médités par un ennemi personnel de votre illustre