Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

cette idée ne viendra à personne, que son œuvre le défend sur ce terrain de stricte et noble probité. Dès lors à quoi bon prévoir une attaque qu’on sait fort bien ne pas devoir avoir lieu ? De même quand il écrit : « Je ne veux pas livrer par des cotes d’archives les moyens de déflorer les sujets que je compte traiter[1]. » Ce droit, qui le conteste à M. Frédéric Masson ? Mais ne valait-il point mieux l’exercer sans en tirer une excuse dans cette question toujours irritante des sources ? De là vient encore que l’historien a créé autour du sévère et solide monument que forme son œuvre, cette atmosphère d’hostilité et de défiance qui en a fait le plus dangereux serviteur, – non des Napoléon d’aujourd’hui, car, hélas ! où sont-ils ? – mais de l’idée napoléonienne elle-même[2]. On se méfie de ces prêtres dont l’encensoir se

  1. Frédéric Masson, L’Impératrice Marie-Louise (1809-1815) ; Paris, 1909, in-8° ; intr. X.
  2. Politiquement, l’attitude de M. Frédéric Masson est jugée sans aménité par les différents partis bonapartistes d’aujourd’hui. Le baron Lumbroso publie une lettre qui, à cet égard, est significative. Elle lui est adressée par le baron Olivier de Watteville, ancien directeur au Ministère de l’intérieur, actuellement un des représentants de S. A. I. le prince Napoléon à Paris. Et cette lettre est dénuée d’indulgente urbanité : « À vous parler franc, bien cher ami, je ne fais aucun cas des élucubrations de Masson qui ont toutes pour but de rapetisser Napoléon et de combattre sourdement l’idée impériale pour nuire à notre parti et au Prince dont il est l’ennemi personnel. Peut-on se fier aux potins de portier qu’il ressasse dans ses prétendus bouquins d’histoire ? Car jamais il ne cite les sources où il puise et bien souvent il a été pris en flagrant délit d’erreur, peut-être volontaire. » Cf. Albert Lumbroso, directeur de la Revue napoléonienne, Napoléon était-il croyant ? ; Rome, 1910, in-8°, p. 34. — Avons-nous besoin de dire que nous ne partageons point tout à fait ce sévère jugement du baron de Watteville ?