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à ogive du jeune duc de Reichstadt, qui l’entendait venir de loin, elle, cette femme d’un pas si léger, il y avait Fanny Elssler, l’Allemande, dont le nom chez nous autres, la France de 1834, ira s’inscrire tout au bas de ces listes mystérieuses et charmantes que conservent dans leurs profonds tiroirs d’ébène et d’ivoire les vieux meubles incrustés d’or de Choisy, de Saint-Cloud, de Meudon, de Fontainebleau, de Chambord : cette femme qui a été le premier sourire et le dernier, hélas ! du fils de l’Empereur ! On la disait en outre si svelte, si élégante, si légère, si parfaite !...|90}}
Fanny Elssler n’était plus en Allemagne ; elle n’avait plus rien à y faire, hélas ! elle ne pouvait plus y danser, depuis que s’étaient fermés deux yeux si brillants et si vifs qui la regardaient avec amour. Maintenant que la loge du jeune prince est vide, maintenant qu’il ne doit plus venir là, à cette même place pour découvrir Fanny l’Allemande sur le théâtre et pour découvrir dans la salle quelques étrangers venus de France ; pour saluer à la fois du même regard Fanny et la France, ses deux amours ; depuis qu’elle était tombée de la couronne paternelle, cette dernière feuille de laurier impérial, Fanny n’avait plus rien à faire à Vienne. À présent elle appartenait à son beau royaume de France et à ses loyaux et enthousiastes sujets de sa bonne ville de Paris...


Et, sur le même ton pindarique, le prolixe et abondant Janin continuait. Il n’était point le seul et Charles Maurice avait fait école. Fanny laissa dire et imprimer. Comprit-elle l’inutilité d’une protestation publique ou se résigna-t-elle à voir tourner à son profit cette ingénieuse réclame, cette recommandation posthume du captif autrichien ?