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comme un viveur acharné, un jouisseur révolté contre l’âge qui lui met aux tempes des rides et aux reins des défaillances. Le poète Grillparzer qui fut lui rendre visite, en 1824, sortait ébahi de l’intérieur du publiciste de la Sainte-Alliance. Encore tout confondu de ce qui lui était apparu, il contait avec l’ingénuité de la stupeur : « Sur toutes les tables et commodes étaient placés des compotiers avec des fruits confits, afin qu’à tout moment le sybarite qui habitait là pût satisfaire sa gourmandise. Enfin, dans la chambre à coucher, il était étendu, en robe de chambre de soie grise, sur un lit d’une blancheur de neige. Il y avait là des bras mobiles qui lui avançaient l’encre et les plumes quand il en avait besoin, un pupitre qui se déplaçait automatiquement dans tous les sens ; je crois même que le vase de nuit, par une pression sur un bouton, venait offrir ses services. » La plaisanterie au ton allemand sauve le reste. Cependant, l’extérieur de Gentz ne répondait pas tout à fait, paraît-il, à son intérieur. Quelqu’un qui l’approcha le dépeint en petites touches précises : « Le corps était incliné en avant, la démarche fuyante et incertaine ; une perruque roussâtre couvrait la tête ; le vêtement était propre, mais non tout à fait à la mode. L’expression de sa physionomie était intelligente, mais le regard manquait de fermeté... Un grand lorgnon