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se poster sur les marches de l’escalier de son palais, avec leurs filles. En descendant, Kaunitz avait le loisir de faire son choix. C’est ce que la police trouva mauvais. Quoi ! riposta le galantin, « vous m’accusez de séduire et de corrompre des jeunes filles innocentes chez moi ! Je vous prouverai que c’est moi qui suis séduit ; mon hôtel est assailli de mères corruptrices qui m’amènent leurs filles. Pourquoi la police ne met-elle pas un frein à cette séduction ? Non seulement j’en suis la victime, mais tous les grands seigneurs de Vienne éprouvent la même vexation[1] ». Que répliquer à cela ? Rien. Aussi relâcha-t-on Kaunitz, et avec des excuses. Ce n’était pourtant point là le premier de ses exploits, puisque ceux-ci avaient nécessité, en 1821, le licenciement des quadrilles enfantins au théâtre An der Wien. Quant à son mépris de la morale coutumière, il en avait, à diverses reprises, donné la preuve en public, au Prater[2]. Mais si Kaunitz n’apparaît pas dans

  1. Souvenirs de la baronne du Montet... ; déjà cit., p. 228.
  2. À propos de cette célèbre promenade de Vienne, Méneval écrivait à sa femme : « C’est un immense jardin anglais, entretenu avec beaucoup de soin et où tous les amusements populaires sont rassemblés. Le Danube forme l’enceinte de ce beau jardin qui, je dois le dire, n’a pas son pareil dans aucune capitale. » Baron de Méneval, ministre plénipotentiaire, Marie-Louise et la cour d’Autriche entre les deux abdications (1814-1815) ; Paris, 1909, in-8°, p. 174.