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Rome, donne publiquement dans les excès les plus honteux. Toute la haute noblesse est dans le même cas, en proportion de sa fortune et de son crédit. Cette haute noblesse est tellement endettée, corrompue et légère, que si les majorats étaient abolis, on verrait avant dix ans les plus beaux noms de l’Autriche réduits à la mendicité... Ils jouissent dans leurs désordres d’une liberté que l’apathie de leurs concitoyens et la longanimité du souverain peuvent seules faire comprendre. On voit tous les jours à Vienne, sur les places et dans les rues les plus fréquentées, des ministres d’État, des princes occupant les premières charges de la cour et au moins sexagénaires, s’occuper pendant deux ou trois heures de la matinée, à examiner, la lorgnette à la main les filles publiques, les appeler, leur parler, les agacer et les suivre publiquement jusqu’à leur demeure. Personne ne les siffle, on ne songe pas à les huer, et ce scandale se répète chaque jour.|90}}


C’est peut-être cela que M. de Montbel appelle de la « décence » ? Si oui, à son heureuse périphrase Mme du Montet fournit une pittoresque illustration. Elle poursuit :


{{taille|— Quel est ce superbe équipage qui efface tous les autres par son élégance ? Les panneaux portent les armes d’un prince, et les ordres qui en relèvent l’éclat indiquent les places éminentes qu’il remplit dans l’État. — Ne reconnaissez-vous pas le prince Kaunitz, neveu du grand ministre de ce nom, naguère ambassadeur d’Autriche près du Souverain Pontife ? — Cette dame brillante de jeunesse, de beauté, et de parure, est sans doute la princesse, son heureuse épouse ? — Non, Monsieur[1], me répondit tranquillement celui auquel j’adressais

  1. La baronne du Montet fait observer que cette note sur les mœurs galantes de Vienne a été trouvée dans les papiers de son mari.