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si je m’étais hardiment avancé vers lui, et qu’en votre présence même je lui eusse remis un exemplaire de Napoléon en Égypte ? Vous voyez bien que j’aurais trompé toutes vos précautions, et que j’aurais rempli mon but, d’une manière violente, j’en conviens, mais enfin il n’en est pas moins vrai que le prince aurait reçu mon exemplaire, et qu’il l’aurait lu ou du moins qu’il en aurait connu le titre.
M. Dietrichstein me fit une réponse qui me glaça d’étonnement. « Écoutez, Monsieur ; soyez bien persuadé que le prince n’entend, ne voit et ne lit que ce que nous voulons qu’il lise, qu’il voie et qu’il entende : s’il recevait par hasard un pli, un livre qui eut trompé notre surveillance, et fut tombé jusqu’à lui sans passer par nos mains, croyez que son premier soin serait de nous le remettre avant de l’ouvrir ; il ne se déciderait à y porter les yeux qu’autant que nous lui aurions déclaré qu’il pourrait le faire sans danger[1]. »


« Le prince n’entend, ne voit et ne lit que ce que nous voulons... » M. de Dietrichstein exagérait. L’aventure Camerata atteste de sa vantardise. De cette déclaration suivie de la confirmation donnée par le livre de M. de Montbel partit la légende de la déchéance morale du duc. Prokesch, dans ses notes inédites, en donne le démenti, et, par la

  1. Méry et Barthélemy, Le Fils de l’Homme... ; déjà cit., pp. 38, 39.