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y songe ! – les lui confie. Prokesch n’est-il pas son ami ? À qui peut-il demander conseil ? Le prisonnier sollicite-t-il l’avis de ses geôliers sur la possible évasion ? Donc il montre la lettre à Prokesch, et dès cet instant Prokesch, avec sa raison, l’autorité de son âge, de ses trente-cinq ans, s’empare de lui qui s’abandonne, laisse aller son âme et son esprit à la dérive. Prokesch peut-il faire autrement, puisqu’il est autrichien, puisqu’on peut l’accuser – si le duc s’évade, – d’avoir prêté la main à ce délit contre le gouvernement de son pays ? Non, sans doute. De là les résolutions qu’il inspire et qu’adopte le duc. Ce faisant, il suit la ligne de conduite des Bonaparte, le conseil de Madame Mère, par exemple, laquelle réprimandait Lucien d’avoir fait quelques démarches en Autriche en faveur de son neveu, vers le début de 1827. « Je ne conçois pas ce que vous avez pu écrire en Autriche, lui disait-elle, ce n’était ni le temps ni les circonstances[1]. » Les circonstances, à fin 1830, étaient-elles meilleures ? Ni plus, ni moins. Dès 1821, au lendemain même de la mort de l’Empereur, le devoir n’était-il point tout tracé aux Napoléonides ? Madame Mère blâmait

  1. Madame Mère au prince Lucien ; Rome, 3 février 1827. — Baron Larrey, de l’Institut de France, Madame Mère (Napoléonis Mater) ; Paris, 1892, in-8°, tome II, pp. 324, 325.