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du projet de remettre la lettre sous les yeux de l’Empereur, en intercédant pour Napoléone. Nous verrons plus loin, qu’on n’en fit rien. Mais ce qui se dégage de ces explications assez confuses, c’est que tous les personnages crurent à une manœuvre policière ou à une arrière-pensée de Metternich, et que, tout compte fait, ils jugèrent prudent de se taire, ce qu’ils firent, Prokesch excepté. Il n’avoue avoir parlé que peu après la mort du duc. Ce n’était alors que demi-mal.

Ce fut ce même Prokesch qui fut voir la comtesse pour la décider à s’éloigner de Vienne[1].

  1. Voici en quels termes le chevalier raconte l’entrevue qu’il eut avec Napoléone, sur la demande même du duc : « Elle montra vis-à-vis de moi beaucoup de réserve et n’eut aucune confiance ; moi je n’en avais aucune en elle. Je lui représentai que son imprudence devait avoir eu pour résultat d’attirer les regards de la police ; qu’elle pouvait de la sorte créer au duc fort inutilement des embarras et nuire évidemment à la liberté qui lui était accordée. Je parlai avec chaleur de sa personne et de son caractère, de la complète liberté où il était de s’occuper de l’histoire de son père, de la passion qu’il apportait à cette étude, de ses vœux et de ses désirs, des livres que nous lisions ensemble, parmi lesquels je citai O’Meara, Las Cases, Antomarchi, Montholon, et généralement tout ce qui était venu de Sainte-Hélène. Elle écouta ces choses avec étonnement et avec une satisfaction visible. J’émis quelques doutes sur la force du parti qui était disposé à se prononcer pour le fils de l’Empereur. Elle ne sut rien me dire à ce sujet en dehors d’assurances générales qui indiquaient ses aspirations, mais non ses moyens d’action. Au moment de prendre congé l’un de l’autre, elle me parla du duc dans les termes de la plus haute considération, et me pressa vivement la main. Enfin, comme j’allais franchir le seuil de la porte, elle s’avança de nouveau vers moi, et, avec un regard où la confiance l’emportait sur le doute, elle me tendit encore une fois la main. La comtesse quitta Vienne aussitôt après notre entretien. » Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt... ; déjà cit., pp. 62, 63.