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— Oui, en 1893. C’était un nommé Fierling, un beau lutteur, ma foi, et une profonde canaille. Pris, il a connu le « Malheur aux vaincus ! » car la Cour suprême qui le redoutait libre, a été sans pitié pour lui, prisonnier. Cet homme était parvenu au rang suprême par les voies étroites, c’est-à-dire qu’à dix-neuf ans, de commissionnaire, il était devenu chef de la bande la plus redoutable de Baltimore. J’ai passé sept ans à le guetter, à le suivre. Chaque fois, par une audace infernale, par une chance surhumaine, ce bandit m’échappait. Mais je m’étais juré à moi-même de le prendre, quitte à y laisser ma peau et soucieux d’elle comme celui qui portait César et sa fortune. Ma fortune ! mais je l’aurais donnée avec joie, avec plaisir, avec bonheur, pour la prise de ce gaillard-là ! C’était mon orgueil que cette capture : le prendre, c’était tout ce que je voulais ; le prendre, c’était tout ce que je désirais ; le tenir là, et alors après moi le déluge ! Enfin, après sept ans, ce jour tant désiré arriva. Stupidement, Fierling se laissa prendre à un piège véritablement grossier. Ce criminel de génie manqua de flair ce jour-là. Bêtement il vint donner dans le panneau. J’étais là, la main ouverte. Cette main se ferma. Fierling était pris. On dit souventes fois que chaque soldat a son bâton de maréchal dans sa giberne : c’est vrai.