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frontière d’Égypte aux infirmes, et le roi les enferma dans les carrières, comme un homme qui a besoin d’ouvriers, mais non qui a décidé de purifier le pays. [258]. D’après Manéthôs, le devin se tua parce qu’il prévoyait la colère des dieux et le sort réservé à l’Égypte, et il laissa au roi par écrit sa prédiction. Alors pourquoi dès le début le devis n’a-t-il pas eu la prescience de sa mort ? [259]. Pourquoi n’a-t-il pas combattu tout de suite la volonté qu’avait le roi de voir les dieux ? Puis, était-il raisonnable de craindre des maux qui ne se produiraient pas de son vivant ? Et pouvait-il lui arriver rien de pire que ce suicide précipité ? [260]. Mais voyons le trait le plus absurde de tous. Informé de ces faits, et redoutant l’avenir, le roi, même alors, ne chassa pas du pays ces infirmes dont il devait, suivant la prédiction, purger l’Égypte, mais, sur leur demande, il leur donna pour ville, d’après Manéthôs, l’ancienne résidence des pasteurs, nommée Avaris. [261]. Ils s’y réunirent en masse, dit-il, et choisirent un chef parmi les anciens prêtres d’Héliopolis, et ce chef leur apprit à ne point adorer de dieux, à ne point s’abstenir des animaux honorés d’un culte en Égypte, mais à les immoler et à les manger tous et à ne s’unir qu’à des hommes liés par le même serment ; il fit jurer au peuple l’engagement de rester fidèle à ces lois, et, après avoir fortifié Avaris, il porta la guerre chez le roi. [262]. Il envoya une ambassade à Jérusalem, ajoute Manéthôs, pour inviter le peuple de cette ville à s’allier à eux, avec la promesse de leur donner Avaris, car cette ville avait appartenu aux ancêtres de ceux qui viendraient de Jérusalem ; ils partiraient de là pour s’emparer de toute l’Égypte. [263]. Puis, dit-il, ceux-ci firent invasion avec deux cent mille soldats, et le roi d’Égypte Aménophis, pensant qu’il ne fallait pas lutter contre les dieux, s’enfuit aussitôt en Éthiopie après avoir confié l’Apis et quelques-uns des autres animaux sacrés à la garde des prêtres. [264]. Alors les Hiérosolymites, qui avaient envahi le pays, renversèrent les villes, incendièrent les temples, égorgèrent les prêtres, en un mot ne reculèrent devant aucun crime ni aucune cruauté. [265]. Le fondateur de leur constitution et de leurs lois était, d’après notre auteur, un prêtre