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il s’en fallut de peu de suffrages qu’il ne fût par eux condamné à mort. 266 Ils promirent publiquement un talent pour la tête de Diagoras de Mélos, parce qu’il passait pour railler leurs mystères. Protagoras, s’il n’avait promptement pris la fuite, aurait été arrêté et mis à mort parce que, dans un ouvrage, il avait paru contredire les sentiments des Athéniens sur les dieux. 267 Faut-il s’étonner qu’ils aient eu cette attitude à l’égard d’hommes aussi dignes de foi, quand ils n’ont pas même épargné les femmes ? En effet, ils mirent à mort la prêtresse Ninos [168] parce qu’on l’avait accusée d’initier au culte de dieux étrangers ; or la loi chez eux l’interdisait, et la peine édictée contre ceux qui introduisaient un dieu étranger était la mort. 268 Ceux qui avaient une telle loi ne pensaient évidemment pas que les dieux des autres fussent dieux ; car ils ne se seraient point privés d’en admettre un plus grand nombre pour en tirer profit.

269 Voilà pour les Athéniens. Mais les Scythes eux-mêmes, qui se complaisent dans le meurtre des hommes et qui ne sont pas très supérieurs aux bêtes, croient cependant devoir protéger leurs coutumes ; et leur compatriote, dont les Grecs admiraient la sagesse, Anarcharsis, fut mis à mort par eux à son retour [169], parce qu’il leur paraissait revenir infecté des coutumes grecques. 270 Chez les Perses on trouverait aussi de nombreux personnages châtiés pour la même raison. Cependant Apollonios aimait les lois des Perses et les admirait, apparemment parce que la Grèce a bénéficié de leur courage et de la concordance de leurs idées religieuses avec les siennes, de celle-ci quand ils réduisirent les temples en cendres, de leur courage quand elle faillit subir leur joug ; il imita même les coutumes perses, outrageant les femmes d’autrui et mutilant des enfants [170]. 271 Chez nous la mort est la peine édictée contre qui maltraite ainsi même un animal privé de raison [171]. Et rien n’a été assez fort pour nous détourner de ces lois, ni la crainte de nos maîtres, ni l’attrait des usages honorés chez les autres peuples. 272 Nous n’avons pas non plus exercé notre