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le premier exemple, mériteraient justement ce témoignage qu’ils l’ont emporté par la douceur et la vertu naturelle. 152 La preuve en est que chaque peuple essaie de faire remonter ses lois le plus haut possible pour paraître ne point imiter les autres hommes et leur avoir, au contraire, lui-même ouvert la voie de la vie légale. 153 Les choses étant ainsi, la vertu du législateur consiste à embrasser du regard ce qui est le meilleur et à faire admettre, par ceux qui doivent en user, les lois instituées par lui ; celle de la multitude est de rester fidèle aux lois adoptées et de n’en rien changer sous l’influence de la prospérité ni des épreuves.

154 Eh bien, je prétends que notre législateur est le plus ancien des législateurs connus du monde entier. Les Lycurgue, les Solon, les Zaleucos de Locres et tous ceux qu’on admire chez les Grecs paraissent nés d’hier ou d’avant-hier comparés à lui, puisque le nom même de loi dans l’antiquité était inconnu en Grèce. 155 Témoin Homère qui nulle part dans ses poèmes ne s’en est servi [70]. En effet la loi n’existait même pas de son temps ; les peuples étaient gouvernés suivant des maximes non définies et par les ordres des rois. Longtemps encore ils continuèrent à suivre des coutumes non écrites, dont beaucoup, au fur, et à mesure des circonstances, étaient modifiées.

156 Mais notre législateur, qui vécut dans la plus haute antiquité — et cela, je suppose, de l’aveu même des gens qui dirigent contre nous toutes les attaques — se montra excellent guide et conseiller du peuple ; et après avoir embrassé dans sa loi toute l’organisation de la vie des hommes, il leur persuada de l’accepter et fit en sorte qu’elle fût conservée inébranlable pour l’éternité.