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THÉÂTRE.

Valentine.

Une épreuve terrible où l’on a brisé mon cœur sans retour.

Paul.

Ne dis jamais de ces mots-là, Valentine ! rien n’est brisé, rien n’est mort ! Me voilà sorti de ma folie comme d’un mauvais rêve, je me sens désormais assez de dévouement et de tendresse pour effacer dans ton âme jusqu’au souvenir de mon erreur.

Valentine, les yeux au ciel.

Comme s’il m’était possible de le croire, maintenant !

Paul, avec désespoir.

Que faut-il faire ? est-ce un éclat que tu demandes ? une séparation ? un scandale ? ou supposes-tu que notre raccommodement sera mieux cimenté par les autres que par nous-mêmes ? Non, n’est-ce pas ?… Détourne-toi ! réponds-moi ! nos mains pour s’étreindre n’ont pas besoin qu’on les pousse, et le pardon que j’attends de ma femme ne veut pas d’autre intermédiaire qu’un baiser.

Valentine, émue.

Mon Dieu !

Paul, s’agenouillant.

Valentine ! aimes-tu mieux que je meure, Valentine ?

Valentine, le regardant.

Paul !

Paul couvre sa main de baisers.