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THÉÂTRE.

sance de votre coup d’œil, grâce au ciel, mais dans l’exagération d’une probité…

Monsieur des Orbières.

Une fois de plus je m’incline. Et d’ailleurs n’ai-je pas d’innombrables motifs pour admirer l’excellence de vos conseils ? Vous avez été pour moi un secours, une lumière, un dévouement continu, si bien qu’à chaque pas dans ma carrière, à chaque échelon de ma fortune j’ai senti se développer ma reconnaissance et… grandir ma tendresse.

Madame de Mérilhac.

Eh ! j’ai soixante-trois ans, mon ami !

Monsieur des Orbières.

Pour moi, vous êtes toujours à la trentaine.

Madame de Mérilhac.

Flatteur !

Monsieur des Orbières.

Non pas ! et vous calomniez votre âge ; c’est à cause de lui que je vous adore. Il faut que les caprices de la jeunesse soient disparus si nous voulons trouver dans une femme le plus fidèle, et le plus intelligent des amis !

Madame de Mérilhac.

Je ne suis qu’un reflet, le vôtre, vous le savez ; avocat, journaliste, député, j’ai suivi, j’ai partagé orgueilleusement tous vos triomphes, et à présent que vous êtes le Pouvoir, ce ne sont plus des paroles et des écrits que j’attends, mais des œuvres, de grandes choses ! Vous les ferez (geste de des Orbières), oh ! j’en suis sûre ! pardon, une misère, j’oubliais ! Avez-vous pensé à cette place d’inspecteur des Beaux-Arts pour le jeune Duvernier ?