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Oui ! entièrement grâce !… Va le délivrer toi-même, et tu auras soin qu’on lui porte, pour qu’il n’ait plus faim à l’avenir, trois tonnes d’argent et la charge en blé de quatre dromadaires.

Fausse sortie du chancelier.

Écoute donc ! Il doit y avoir beaucoup d’esclaves dans mes jardins ? Qu’on brise leurs chaînes et qu’on les renvoie, sur des vaisseaux, dans leur patrie ! Ensuite, tu prendras aux magasins du palais tous les vêtements qui s’y trouvent : les dolmans de fourrures, les vestes en brocart d’or, les robes tissues de perles, et tu les distribueras aux habitants de ma ville, en commençant par les plus pauvres !… Reviens ! Je n’ai pas fini ! On tirera des arsenaux toutes les armes, et l’on en fera sur les places de grands bûchers qui réjouiront les veuves ! Comme j’ai trop de parfums, qu’on les jette par les fenêtres pour laver les rues ! J’ordonne qu’il n’existe rien des commandements portés jusqu’à ce jour en mon nom ! Je veux qu’il n’y ait plus dans mon royaume une seule douleur, mais un même sourire de joie sur la face de tout mon peuple ! Rien, maintenant, que des larmes d’allégresse et des bénédictions pour moi !

Paul et Dominique rentrent à droite, par la portière,
avec l’officier et les soldats.

Ah !

À l’officier.

C’est bien ! Laissez-nous !


Scène X.

JEANNE, PAUL, DOMINIQUE.
Paul, ironiquement.

Je me doutais de cette clémence, ô Reine !