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Jeanne, souriant.

J’espère l’être bientôt !

Les bayadères, après un de leurs pas et avant d’en recommencer un autre,
s’inclinent devant le trône.
Le Roi des gnomes.

Oui, c’est cela ! Tous te prennent pour la reine, morte la nuit passée, et l’erreur du peuple va durer. Tu n’as plus qu’à le retenir quand il viendra, mais sans te faire connaître, car n’oublie pas quelles conséquences terribles…

Jeanne.

Je sais ! Merci, bon génie, qui as eu pitié de ma tendresse, et puisque tu es mon premier ministre, ne me quitte plus.

Le Roi des gnomes.

Si parfois je m’écarte, ce sifflet d’or m’appellera.

Il lui donne un sifflet d’or, qu’il avait à son cou et qu’elle passe au sien.

La portière de cachemire faisant face au trône s’entr’ouvre, et il entre un nain d’aspect farouche, avec une aigrette à son turban, de très longues moustaches, et un bâton d’ivoire à la main. Il conduit, marchant au pas et effroyablement armés, une escouade de six géants. Tandis qu’il s’avance jusqu’aux pieds du trône pour se prosterner, les géants s’alignent en haie contre la muraille et y restent immobiles.


Scène II.

Les Mêmes, Le Nain, général des géants, puis Un Officier
puis Le Chancelier.
Le nain, après sa prosternation, se retourne
vers les géants.

Plus haut, drôles ! plus haut ! Le menton levé ! Qu’est-ce qu’une tenue pareille !…

Tous les géants tremblent d’effroi devant lui.