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Scène III.

PAUL, seul.
Après être resté longtemps les bras croisés,
avec un grand soupir.

Ah !…

Il jette son chapeau sur le lit de sangle.

Quelle nuit !… (il regarde les murs lentement) et quelle chambre !…

Puis la fenêtre.

Tiens ! le jour qui se lève ; et la neige, encore !… Mais il ne tombera donc pas du ciel quelque chose pour les écraser tous !

Il pleure.

Ah ! comme je suis fatigué !…

Il s’assoit près de la cheminée, un bras sur le chambranle.

Sont-ils assez lâches, égoïstes, ingrats, hypocrites et cruels !… Par-dessus tout cela, des sourires, des phrases, des étreintes affectueuses, et même, ô sacrilège, des offres d’amour !… Et je prétendais trouver dans ce néant quelque chose qui désaltérât mon cœur ! — Dans combien de pays n’ai-je pas traîné mes rêves !… Partout, avec des masques et des impudeurs différents, j’ai rencontré les mêmes ignominies ! À présent, voilà qu’elles viennent jusqu’à moi, elles m’attaquent. Assez, assez ! je n’en veux plus ! Pourquoi vivre alors, puisque je ne peux pas changer le monde ? Ah ! si j’avais eu pourtant quelqu’un qui m’eût aimé !…

Il se lève.

Allons, pas de faiblesse ! Disparaissons tout de suite, pour prévenir peut-être les défaillances, avant la