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que vous ne sauriez pas seulement me dire le nom des principaux comptoirs de Macao, ni le taux de l’escompte à Calcutta.

Paul.

Et il y a d’autres choses !

Kloekher.

C’est possible ! Mais alors que venez-vous faire ici ? Que voulez-vous ?

Paul.

Une place, Monsieur, une place ! Je puis traduire vos correspondances, rédiger vos mémoires ! Un homme en vaut un autre, avec de la force et du courage. Je vous prie de considérer la situation… pénible où je me trouve ; et j’ose, pour appuyer ma requête, vous faire souvenir que mon père fut votre ami.

Kloekher.

Eh ! votre père, Monsieur, était un fort galant homme ; mais, s’il avait suivi mes conseils, il n’aurait pas fini d’une façon désastreuse ! Au lieu de singer le grand seigneur et de vouloir éblouir par une libéralité intempestive, il aurait dû surveiller ses capitaux, augmenter sa fortune, se rendre utile enfin.

D’un ton de fausse bonhomie.

Il m’a bien assez fait souffrir par l’affection que je lui portais, sans que vous veniez ici, vous, son fils, me donner la peine de vous désobliger ! Une place ! Est-ce que j’en ai, moi ? Tous mes emplois sont pris ; ce n’est pas ma faute. Mille excuses !

Paul est remonté au haut de la scène et va pour sortir par le fond.
Kloekher se lève.

Eh bien, non !… Revenez !…