Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marchant jusqu’au milieu de la nuit, où vous irez dormir côte à côte avec des forçats, les pieds dans la paille, assis sur un banc, et les deux bras contre une corde !

Le côté gauche de la muraille s’entr’ouvre et laisse voir l’intérieur abject d’un logeur, rempli de monde, puis se referme.

Et l’habit râpé, depuis longtemps, sera parti.

Son habit disparaît.

À la place du chapeau, une casquette sans visière.

Même jeu.

Plus de gilet, une seule bretelle ! et pas même de souliers… des chaussons !

Avec une pose ignoble.

Faut-il un fiacre, mon bourgeois ?

Paul, se tordant les mains.

Horrible ! Horrible !

Dominique.

Mais ce n’est pas gai du tout, cet avenir-là !

Paul, découragé, tombe sur un tabouret, le coude sur la table.

Que faire ?

À la fin de la tirade de l’Inconnu, la servante est rentrée avec un paquet de cigares, qu’elle a déposé sur la table. L’Inconnu, qui est près de Paul, debout à droite, fait un pas à reculons avec un geste d’espoir ; mais aussitôt, en face de lui et derrière Dominique, la servante, se transmuant en fée, allonge le bras impérativement vers l’Inconnu qui se change en gnome.

Dominique, stupéfait, pousse un cri. Paul relève la tête et en pousse un autre, en apercevant la Fée, qui disparaît dans la muraille à droite en même temps que le Gnome disparaît à gauche.