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Scène VI.

LES FÉES reparaissent.
Toutes les fées.

Ah ! les sales vieux ! Heureusement les jeunes sont meilleurs, ce qui nous fait déjà deux cœurs purs.

Une des fées.

Sans doute. Mais lui, comment pourra-t-il jamais s’éprendre d’une fillette aussi simple, aussi pauvre, aussi sale ?

La reine.

Ah ! il faudra bien que nous fassions naître cet amour, puisque notre succès en dépend. Mais comme nous ne pouvons avertir que l’un des deux, voyons, mes sœurs, décidez-vous, hâtez-vous !

Les fées, tumultueusement.

— Lui !

— Elle !

— Non ! non !

— Elle ! lui !

— Lui !

— Elle !

La reine.

Allons ! c’est le jeune homme, car Jeanne a pour sauvegarde son ignorance et l’humilité de sa condition. Paul, au contraire, est exposé chaque jour à toutes les embûches des Gnomes. Donc c’est lui que nous devons avertir quand il en sera temps, seulement, et protéger dans les limites permises.