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opérations de Bourse, qui furent d’abord heureuses ; et il a si bien fait… que… une première fois, je lui ai prêté dix mille francs. Oh ! il me les a rendus, et même avec des bénéfices ! Deux mois plus tard, autre prêt de cinq mille ! Mais la chance avait tourné. Une troisième fois…

Rousselin.

Est-ce que ça me regarde ?

Gruchet.

Bref, il me doit actuellement trente mille deux cent vingt-six francs, et quinze centimes !

Rousselin, à part.

Ah ! c’est bon à savoir !

Gruchet.

Ce jeune homme a abusé de ma candeur ! Il me leurrait avec la perspective d’une belle affaire, un riche mariage.

Rousselin, à part.

Coquin !

Gruchet.

Par sa faute, je me trouve sans argent. Depuis quelque temps, j’en ai tellement dépensé ! (Il soupire.) Et, puisque vous êtes son ami, arrangez-vous, priez-le, pour qu’il me rende ce qui m’appartient.

Rousselin.

Me demander cela, vous, mon rival !

Gruchet.

Je n’ai pas fait le serment de l’être toujours ! J’ai du cœur, monsieur Rousselin ; je sais reconnaître les bons offices !