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à ses intérêts personnels et nécessaire au maintien de son autorité en Sicile et à ses bonnes relations avec Rome de sauver Carthage. Il ne voulait pas que Rome, devenue maîtresse sans rivale, conduisit le monde à son gré (*) ; prudente et sage conception !…

(*) Page 356, § 3. Hiéron, qui gouvernait à Syracuse, etc.
D’ailleurs, de son côté, Rome, exécutant fidèlement son traité, ne ménageait pas à Carthage les marques de son intérêt, Au début il s’était bien élevé quelques difficultés entre les deux États ; comme les Carthaginois saisissaient et emprisonnaient tous ceux qui, d’Italie, cherchaient à approvisionner leurs ennemis, et qu’ils avaient ainsi jeté en prison plus de cinq cents Italiens, les Romains s’étaient vivement émus. Mais l’ambassade qu’ils avaient alors envoyée à Carthage avait obtenu la libération de tous les captifs, et la reconnaissance de Rome fut si grande que, par un échange de procédés courtois, elle restitua à Carthage les prisonniers qui lui restaient de la guerre de Sicile (*).
(*) Page 356, § 2. La surprise des Carthaginois fut encore plus forte, lorsque arrivèrent quatre cents des leurs, faits prisonniers pendant la guerre de Sicile. En effet, Hamilcar avait secrètement renvoyé aux Quirites, etc.
À dater de ce moment, Rome accueillit avec empressement et faveur toute demande venant de Carthage. C’est ainsi qu’elle prescrivit aux marchands de fournir aux Carthaginois tout ce dont ils avaient besoin, en leur interdisant tout commerce avec les Mercenaires. C’est ainsi encore que, lorsque les Mercenaires de Sardaigne se soulevèrent contre Carthage et appelèrent les Romains, ceux-ci repoussèrent leur proposition (*). Utique voulut
(*) Page 356, § 2. Elle dédaigna les ouvertures des Mercenaires dans la Sardaigne.
se donner à eux, ils refusèrent par respect pour le traité (*).
(*) Page 356, § 2. Et même elle ne voulut point reconnaître comme sujets les habitants d’Utique.

De sorte que les Carthaginois, grâce à l’appui de ces amitiés, purent soutenir le siège (*).

(*) Cf. chap. XIII. [On sait que Flaubert, dans sa lettre à Sainte-Beuve, tout en reconnaissant avoir « voulu faire un siège », s’est défendu de l’avoir « complètement inventé ». Les passages de Polybe qui précédent, et celui qui suit, semblent bien établir, en effet, que Carthage a subi un siège en règle.]

LXXXIV. Mathos et Spendius n’étaient pas moins assiégés qu’assiégeant, et Hamilcar les réduisit à une telle disette qu’il