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les captifs ; ce n’est pas pour les sauver qu’il les a ménagés, c’est dans espoir de faire venir à lui, par l’appât de cette générosité même, tout le reste de notre armée (*) : de la sorte, ce n’est pas
(*) Page 286, § 4. La douceur du Suffète était un appât pour les prendre, etc.
sur quelques têtes seulement qu’il fera tomber sa vengeance, mais sur nous tous, et voilà où notre crédulité nous conduirait. Méfiez-vous donc, ajouta-t-il ; en laissant fuir Giscon, vous ne gagnerez que le mépris de vos adversaires et vous sacrifierez en même temps vos intérêts ; c’est un personnage considérable, un général valeureux : il sera votre plus dangereux ennemi. »

Et pendant qu’il parlait de la sorte, voici que parut un second courrier ; il se disait envoyé par les gens de Tunis (*) : les conseils

(*) Page 286, § 2. Mais le lendemain… un second coureur parut…
dont il était porteur étaient les mêmes que ceux qui venaient de Sardaigne.

LXXX. Autarite le Gaulois prit la parole : « Il n’y a pour nous, dit-il, qu’un moyen de salut, c’est d’abandonner tout espoir en Carthage. Quiconque attend quelque chose de la générosité de ces gens, ne saurait être un allié véritable. Ceux qu’il faut croire, ceux qu’il faut écouter, ceux à qui il faut obéir, ce sont ceux qui vous proposeront contre Carthage les extrémités les plus violentes et les plus impitoyables ; les autres, vous les traiterez en ennemis et en traîtres (*) ». Il termina par cette exhortation :

(*) Page 287, § 3. Un seul (projet) peut nous perdre ! pas de pitié ! On reconnaîtra les bons à la vitesse de leurs jambes et à la force du coup.
« Quant à Giscon et aux autres prisonniers que nous avons faits depuis, qu’ils périssent sur la croix ! (*) »
(*) Page 287, ligne 10. Le supplice des captifs était un jeu d’enfants. Pourquoi donc les épargner, etc.

Il était écouté dans les assemblées, parce que la plupart comprenaient ses paroles ; à vivre depuis si longtemps dans les armes, il avait appris le phénicien, et la majeure partie des soldats entendaient suffisamment cette langue, qu’ils avaient eu le temps d’apprendre pendant la dernière campagne. Sa harangue eut un immense succès, et il se retira sous les applaudissements. Cependant, un grand nombre de capitaines des diverses nations se précipitèrent en souvenir de la bienveillance que Giscon leur avait jadis témoignée, ils voulaient s’élever contre ce supplice de