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mille hommes ; le reste des Mercenaires gaulois avait, jadis, lors du siège d’Eryx, passé aux Romains. Hamilcar venait de s’arrêter dans une plaine que des montagnes entouraient de toutes parts, lorsque précisément les troupes de renfort, envoyées aux Barbares par les Numides et les Libyens, firent leur jonction avec celles de Spendius (*). De sorte qu’Hamilcar se trouva subitement

(*) Page 221, ligne 33. Tout à coup de grands panaches se levèrent… c’était l’armée de Spendius.
dans la position suivante : en face de lui, les Libyens ; derrière lui, les Numides ; sur ses flancs, Spendius (*). Il était malaisé d’en
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sortir.

LXXVIII. Or il y avait, en ce temps-là, un chef Numide du nom de Naravas, guerrier plein de valeur et l’un des plus considérables parmi les siens ; il avait toujours éprouvé pour Carthage une affection que lui avait léguée son père et qui, dans les circonstances présentes, s’était accrue de l’admiration que lui inspirait Hamilcar. Il jugea le moment venu de renouer avec lui et d’engager des pourparlers ; accompagné d’une centaine de Numides, il se rendit au camp d’Hamilcar et, arrivé au pied des retranchements, s’arrêta et fit signe de la main (*). Intrigué, le

(*) Page 273, ligne 9. Tout à coup, Narr’Havas marcha résolument vers une sentinelle, etc.
général lui dépêcha un de ses cavaliers ; Naravas répondit qu’il désirait parler à Hamilcar. Puis, tandis qu’Hamilcar hésitait encore, il remit ses armes (*) et sa monture entre les mains de
(*) Ibid. Il jeta son épée, sa lance, ses javelots et disparut au milieu des Carthaginois.
ses compagnons et pénétra hardiment dans le camp. Une telle audace plongea les assistants dans un étonnement voisin de la stupeur. Enfin ils le reçurent et le conduisirent auprès d’Hamilcar. Naravas prit la parole : Il aimait tous les Carthaginois, mais, surtout, il désirait devenir l’ami de Barca ; il venait lui offrir son alliance, prêt à s’associer, avec un dévouement absolu, à toutes ses entreprises comme à tous ses projets (*).
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La confiance dont le jeune chef avait témoigné en se rendant au camp, autant que la franchise de ses paroles, charmèrent si fort Hamilcar, que, non content d’accepter l’offre de son alliance,