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II

À SICCA.




Deux jours après, les Mercenaires sortirent de Carthage.

On leur avait donné à chacun une pièce d’or, sous la condition qu’ils iraient camper à Sicca, et on leur avait dit avec toutes sortes de caresses :

— Vous êtes les sauveurs de Carthage ! Mais vous l’affameriez en y restant ; elle deviendrait insolvable. Éloignez-vous ! La République vous saura gré de cette condescendance. Nous allons immédiatement lever des impôts ; votre solde sera complète, et l’on équipera des galères qui vous reconduiront dans vos patries.

Ils ne savaient que répondre à tant de discours. Ces hommes, accoutumés à la guerre, s’ennuyaient dans le séjour d’une ville ; on n’eut pas de mal à les convaincre ; et le peuple monta sur les murs pour les voir s’en aller.

Ils défilèrent par la rue de Khamon et la porte de Cirta, pêle-mêle, les archers avec les hoplites,