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à gauche il y a une prairie verte où paissaient les bœufs.

On vous parle beaucoup de Biarritz à Bayonne. Les voitures qui vous y conduisent sont remplies de gens du pays. Allègre et gaillarde population descendue de la montagne, leur patois est vif et accentué, compris d’eux seuls, et servant de langue commune aux deux frontières espagnole et française. On y va pour s’y baigner, pour y danser. Bravets est un nom qui fait sourire ici chaque habitant, on m’en avait conté mille choses charmantes que je me promettais de voir et que je n’ai pas vues.

Ce joli pays m’a été gâté, non par son aspect physique qui est des plus beaux, mais par son costume, si je puis dire, et gâté par un événement où j’ai trempé ; le mot n’est pas métaphorique.

Nous étions descendus sur la grève à peu près déserte pour lors ; l’heure des bains et des baigneuses surtout était passée, première contrariété pour moi qui comptais voir beaucoup de naïades. Une vieille petite femme, dont les cheveux blancs encadraient un visage ridé, recueilli sous une capote de toile cirée, s’avançait à la mer pour y ramollir sa vieille peau ; une vaste blouse jaune qui l’enveloppait et qui flottait sur ses membres la faisait ressembler à un caniche qui sortirait d’un bol de café au lait. C’est là la seule baigneuse que j’aie vue à Biarritz, quelle chance !

Comme je marchais le long de l’écume des