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Le christianisme n’est point sérieux à Bordeaux. L’église est entourée d’un ancien cimetière où entre autres dorment les Girondins (Vergniaud, et sur l’affirmation d’un ancien camarade de Julien, M. Mabitte, médecin de Bordeaux) converti maintenant en promenade. Ici c’est pire qu’à Saint-Michel, les vivants ne marchent plus seulement sur les morts, ils y font l’amour et on nomme ce lieu l’allée d’Amour, antithèse à la Shakespeare, où se trouvent opposés tout ce que la vie a de beau, tout ce que la mort a de hideux. À côté, sous ces arbres dont l’ombrage est si doux dans le Midi, l’église n’a guère de valeur ; l’amour nargue le ciel et se pose sur les tombeaux.

Sainte-Croix, vieux temple païen, église à demi romane, d’un beau roman du reste ; les phallus sont multipliés dans les murs. La petite église Saint-Pierre est badigeonnée, ouverte au soleil et rit dans ses peintures de théâtre. Non loin, dans la rue de la Bahuterie, je viens de voir une petite façade de maison qui vaut bien à elle tous les monuments de Bordeaux pour les nombreuses conjectures qu’on peut en faire sortir : le panneau principal est occupé par une figure humaine à trois facies, quatre yeux servent aux trois figures, emblème de la Trinité ; à droite et à gauche, sont des chevaux ailés, plus bas un griffon ; dans une autre cour une tête d’homme couverte d’un turban. Un caractère asiatique persan ressort de cette énigme de pierre, attribuée par mon cicerone à l’invention d’un membre du parlement,