Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un clou et se mit à marcher devant nous dans le village.

Après avoir longé un grand mur, on entre par une vieille porte ronde dans une cour de ferme silencieuse. Le silex sort ses pointes sur la terre battue où se montre une herbe rare salie par les fumiers qu’on traîne. Il n’y avait personne ; les écuries étaient vides. Dans les hangars, les poules, huchées sur le timon des charrettes, dormaient la tête sous l’aile. Au pied des bâtiments, la poussière de la paille tombée des granges assourdissait le bruit des pas.

Quatre grosses tours, rejointes par des courtines, laissent voir sous leur toit pointu les trous de leurs créneaux qui ressemblent aux sabords d’un navire ; et les meurtrières dans les tours, ainsi que sur le corps du château de petites fenêtres irrégulièrement percées font des baies noires inégales sur la couleur grise des pierres. Un large perron d’une trentaine de marches monte tout droit au premier étage, devenu le rez-de-chaussée des appartements de l’intérieur depuis qu’on en a comblé les douves.

Le « violier jaune » n’y croissait pas, mais les lentisques et les orties, avec la mousse verdâtre et les lichens. À gauche, à côté de la tourelle, un bouquet de marronniers a gagné jusqu’à son toit et l’abrite de son feuillage.

Quand la clef eut tourné dans la serrure et que la porte, poussée à coups de pieds, eut longtemps grincé sur le pavé collant, nous entrâmes dans un