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peut se décharger ; cette chapelle est nommée le prieuré de la Couarde[1].

Il y avait autrefois à Quinipily deux autres statues que l’on a transportées à Locminé. Ce sont des hommes trapus, barbus, chevelus et coiffés sur le derrière de la tête d’un bonnet en façon de pyramide tronquée. Une ceinture de feuillage leur entoure le corps, chacun d’eux tient une massue à la main gauche. Je ne puis croire que ces deux espèces de cariatides, taillées par quelque manœuvre de village, aient eu jamais grande valeur ni grand sens, elles ont d’ailleurs par elles-mêmes je ne sais quel air canaille qui me les fit suspecter de n’être pas fort anciennes. Qu’on y voie ce qu’on voudra, des hercules gaulois ou des prêtres égyptiens, « car quant à la barbe et aux cheveux, dit M. de Penhoet, ce sont pour moi autant d’indices qu’il s’agit de prêtres du culte du soleil ou de Sérapis », ils n’en sont pas moins laids, archilaids, et, qui pis est, vilains.

Une heure après avoir quitté ces affreux bonshommes, nous arrivâmes à Quimperlé qui, pour n’offrir rien de celtique, de romain ou de phénicien, n’en est pas moins une des plus agréables bonnes fortunes que nous ayons rencontrées dans notre voyage.

Ici, pas d’alignement, pas de trottoir, aucune espèce de palais de justice, que nous sachions du

  1. La Vénus s’appelle dans le pays la Vieille Couarde (groah geard).