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Nous montons la colline qui domine Lepsina (où était l’acropole ?) ; de là, nous voyons, à une portée de carabine, le petit môle de Lepsina en croissant. Le ciel est blanc grisâtre sale, un moulin à notre droite.

Tout le village encombré dans sa partie Ouest par des fûts de colonnes cannelées en marbre blanc.

Près l’église de Hagios Zacharios, médaillon colossal, avec arabesques, contenant le buste décapité d’un homme cuirassé : le travail est lourd ; c’est plus décadent encore que les bustes de plafond de Baalbek. Dans l’église, qui a plutôt l’air d’un four et où il n’y a de sacerdotal qu’une veilleuse dans un coin : deux statues très drapées, debout, sans tête ni pieds ; une tête romaine d’homme, chevelure séparée et poussée par le vent, ainsi que la barbe, d’un travail lourdaud.

Dans les environs d’Éleusis et dans Éleusis, nous ramassons au bout de nos bâtons beaucoup de cornes de chèvres ; elles sont droites et ondées ; toutes sont creuses.

Du haut de la colline d’Éleusis, en se tournant vers le Sud, vers la mer, l’ouverture du golfe est en face de vous, petite et comme un défilé ; en se tournant vers le Nord, on a la plaine de Thria au fond, en face une ligne épaisse d’un vert gris, au pied des montagnes qui sont grises piquées de points de noir et blanchissant de ton en se rapprochant des sommets. De grandes plaques pâles, faites par les lumières passant entre les nuages ; ailleurs, c’est comme de grandes voiles noires tombées par terre, ombres des nuages ; l’ensemble est très assis, très doux, d’une beauté paisible.