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monter l’ancienne voie à escaliers. Au bout de deux heures environ, à peu près en haut, gourbi où nous haltons. Nous mangeons un morceau de pain, quelques figues enfilées très serré à de petits roseaux disposés triangulairement, nous prenons une tasse de café, nous repartons. Le cafetier était un vieux Turc, assez nul ; une petite fille, grosse, pataude, fort laide, à qui Stéphany fait des mamours ; il nous dit avoir laissé un fils en Perse, qui doit avoir six ans maintenant et qui s’appelle Napoléon.

Ce ne sont plus, comme hier, de grands arbres et de larges feuillages, mais un makis clairsemé. Le temps est tout à fait européen, nuages toute la journée. Nous descendons une montagne. — Plaine, nous nous y perdons. — Restes de l’ancienne voie, la même qu’hier. — Un Turc qui voyage à pied et porte à son tarbouch une grande fleur jaune nous avertit de notre erreur ; nous filons un temps de galop à travers champs, dans de la terre grasse, vers une maison, au bas de la montagne, sur notre gauche, pour savoir notre route. Un homme sort de cette maison, met son manteau sur ses épaules et marche devant nous ; nous remontons et descendons. — Une plaine ; au bout de la plaine, au pied d’un mont, Moglah.

Moglah. — Toits en tuiles, longues varangues, les maisons saillissent entre la verdure clairsemée, aspect froid et suisse ; du village s’élèvent deux minarets. Les montagnes sont moins boisées ; au sommet, la couleur grise de la roche paraît. En descendant la seconde montagne pour venir ici, nous avons longtemps marché entre des petits rochers de couleur bleu clair, comme serait de l’eau de