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peine dans l’hôtel. Son mot, hier, quand on a cru que le sac était retrouvé : « Eh bien, ils n’auront pas été longtemps à retrouver leur argent ».

Mercredi 27. — Course à Thérapia, visite au général Aupick. — Par les hauteurs, terrains plats, avec de légères ondulations, cela ressemble un peu à certaines landes de la Bretagne ; à gauche les plaines de Daoud-Pacha ; à droite le Bosphore ; bientôt, en face de nous, la mer Noire. Nous tournons à droite et descendons vers le Bosphore ; conacs en bois peints en gris, au bord de l’eau. — Le général en robe de chambre à collet et parements de velours ; M. de Saalgi, Édouard Delessert. — Promenade dans le jardin de l’ambassade. — Nous revenons par le même chemin, avec de grands temps de galop, à la nuit tombante. — Apostoli notre drogman.

Jeudi 28. — Re-visite au Sérail et aux mosquées. Dans le Vieux Sérail, revu avec plaisir la pièce du rez-de-chaussée avec ses jets d’eau ; entre les fenêtres et dans les enfoncements de la muraille, étagères pour mettre des pots de fleurs. — Aux alentours la salle du trône, le nain, costumé à l’européenne et quelques anciens eunuques blancs, figures de vieilles femmes ridées, proprement habillés, chaînes d’or sur leurs gilets, pantalons larges à l’européenne, à plis ; par-dessus des pelisses ; un à figure carrée, mâchoire large par le bas, jouant avec le nain du sultan. La vue d’un eunuque blanc fait une impression désagréable, nerveusement parlant, c’est un singulier produit, on ne peut détacher ses yeux de dessus eux, la vue des eunuques noirs ne m’a jamais causé rien de semblable. — La salle du trône, entourée de porcelaine