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de lierres par places. — Trois enceintes. — Tours carrées avec des ronces, des arbustes, toute la prodigalité des ruines. Les murs de Constantinople ne sont pas assez vantés, c’est énorme ! Nous passons devant la Porte Dorée, murée, et le château des Sept-Tours, nous arrivons devant la mer agitée et qui rebondit. Au pied du mur, à notre gauche, boucherie en bois sur pilotis, odeur infecte se mêlant à celle des flots, grand vent, quantité de chiens qui rôdent par là ; des oiseaux de proie voltigent, poussent des cris, tournoient, s’abattent sur les flots. — Revenu à travers tout Stamboul : maisons en bois, coins avec de la verdure, moucharabiehs, fenêtres grillées partout ; la vie turque grouillante et tranquille. Ça me rappelle, comme à Smyrne, le moyen âge chez nous.

Aqueduc de Valens, haut, orné de lierres, traverse Stamboul en large ; les maisons sont là, en bas, écrasées par lui. Nous revenons au bout du pont de Mahmoud et nous allons chez le peintre persan, qui nous montre plusieurs couvertures de livres, des boîtes et des encriers. Khan persan : tapis de feutre sur lesquels ils sont assis, narguilehs en bois rouge sculptés ; intérieur sombre, plein de fumée, les Persans avec leur haut bonnet pointu et leur nez recourbé. Je ne retrouve pas la figure ronde, les yeux sortis et les énormes sourcils des images persanes. Tous leurs chevaux (sur les peintures) ont les jambes très minces, la croupe et le ventre énormes, le corps en cylindre. Nous retraversons le pont de Mahmoud et remontons par les quartiers brocs de Galata ; la nuit est presque venue, nous ne voyons aucun drôle sur les portes.

Vendredi 22. — Nous allons à bord de la petite