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vaux au bout du pont. — Traversé le Phanar, grande arcade, sous laquelle on passe. — Maison à mâchicoulis.

Balata. — Quartier juif. — Le grand cimetière de Stamboul, immense ; on n’en finit plus ; infinité de tombes et de cyprès. Nos chevaux passent à travers et dessus. — Pelouse jonchée de tombeaux grecs, les Phanariotes sont là, les descendants des Comnène et des Paléologue. — Église Boulougli (des poissons) : des femmes embrassent à la porte un Saint Nicolas, la place de tous les baisers a sali en noir le panneau ; vendeurs de cierges en quantité. On nous montre une fontaine vers laquelle on descend par plusieurs marches et qui se trouve dans une petite chapelle souterraine ; l’eau est tellement claire que nous croyons d’abord qu’il n’y en a pas, c’est quand elle s’est ridée que nous nous en sommes aperçus. On nous conte la légende suivante : un marin, en mer, vint à mourir ; avant de mourir il fit promettre au capitaine de la barque de porter son corps à cette église et de lui en faire faire trois fois le tour. Le capitaine exécuta sa promesse, le mort ressuscita et resta dans le couvent. Le bruit de ce miracle vint jusqu’en Angleterre où quelqu’un, en doutant, se mit en route pour aller voir le ressuscité ; il le trouva qui faisait frire des poissons à côté de la fontaine, il ne voulut pas croire au miracle et dit : « Je ne croirai pas plus ce que vous me dites que je ne crois que ces poissons frits puissent re-nager ». Ce qui fut dit se fit, ils sautèrent de la poêle dans l’eau et se remirent à nager. En effet nous voyons circuler dans l’eau d’imperceptibles petits poissons.

Les murailles de Constantinople sont couvertes